LES SOEURS de la PROVIDENCE de CHAMPION

En 1843, il y a 144 ans de cela, les religieuses du couvent des soeurs de la Providence de Champion prenaient en charge l'éducation des filles des écoles de notre commune. Nombreux sont ceux et celles qui se rappellent encore de leurs passages chez ces dévouées béguines.

Il faut savoir que l'école gardienne d'alors était déjà mixte et que la communauté établie chez nous se composait seulement de quatres soeurs. La plus âgée des quatres, la vieille soeur Alphonse-Marie (48 ans à Grand-Leez) veillait jalousement à la bonne marche des classes placées sous sa responsabilité. L'humble soeur Léonie quant à elle s'occupait avec tendresse et dévouement des bambins de l'école maternelle. L''enseignement élémentaire était assuré par la rougeaude et sévère soeur Angélique ; tandis que le primaire était partagé entre la douce et jolie soeur Célestine des Anges et la jeune demoiselle Adèle Legros qui avait été appelée en renfort pour la rentrée des classes en 1933.

L'instruction, tout comme les moments de détente étaient appréciés tant par les parents que par les élèves ; l'accord était unanime pour reconnaître le bon travail et la compétence du personnel enseignant.

Tout était parfait ! pourtant...au mois d'août, en 1935, une fameuse tuile guettait les Grand-Leeziens, bernés. Cette maudite tuile, nous tomba sur la caboche, un soir, lors d'une délibération du conseil communal. Quelle parodie, quelle zizanie, ce soir là ! puisque suite à de funestes "magouilles politiques", une lamentable décision était votée et les braves soeurs, par pudeur, se sentirent contraintres de regagner leur couvent. Tous les auteurs de cet exploit se lavaient les mains, c'est pas moi c'est toi, et personne ne voulait endosser la responsabilité du jugement, quel cinéma, ce soir là !!!

Dans la pénombre du soir, la mauvaise nouvelle se répandit comme une traînée de poudre ; la réction ne se fait pas attendre et les noms d'oiseaux volèrent bas, ce soir là !!!

Pour la rentrée, les soeurs parties, l'éducation des enfants fut confiée à un personnel laïque ; une autre méthode d'enseignement débutait pour les filles.

Une page de l'histoire des écoles de Grand-Leez était tournée. Et voilà ! nos bonnes soeurs envolées, sans bruit, vers d'autres cieux, plus cléments. Les deux plus âgées restèrent à la maison mère ou elles s'efforcèrent d'oublier Grand-Leez, hélas elles s'y minèrent et ne survécurent pas longtemps à leur relégation.

Soeur Angélique encore bonne pour le service fut dépêchée à Vielsam, tandis que la cadette soeur Célestine continuait son apostolat d'abord à Profondeville, ensuite à Jemeppe-Froidmont et ensuite à Paliseul. Elle prit sa retraite en 1965 et se retira  la maison de Ciney pour y jouir d'un repos bien mérité.

La plupart de ses anciennes élèves ne l'oublièrent jamais et se faisaient même un devoir et un honneur de lui rendre une visite toute empreinte d'amitié réciproque.

Le 18 août 1973, soeur Célestine des Anges, était l'invitée d'honneur de notre paroisse : le but de cette réception : un messe d'action de grâce à son intention. Et c'est le coeur plein d'émotion qu'elle se retrouva 38 ans après, à genoux dans l'église qui fut sienne pendant 10 ans. Après l'office nombreuses furent les Grand-Leeziennes qui voulurent la congratuler pour son demi-siècle de vie religieuse et, par la même occasion, laver l'affront qu'elle et ses consoeurs avaient reçu un soir du mois d'août 1935.

 

 

Soeur Célestine des Anges, dans le monde Marie-Elisabeth Zeyen, était née à Serain le 14 avril 1897. Elle avait pris le voile le 27 avril 1924 à Champion et avait enseigné à Grand-Leez de 1925 à 1935.

Le 22 août 1976, trois ans après son jubilé inoubliable, la révérende soeur Célestine des Anges rejoignait dans la paix le Père Céleste.

Source : M.Durviaux CNG,61987

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