LA GARE DE GRAND-LEEZ

 

Tout au bout de la rue de la Converterie, juste avant le pont de la Ghète, se trouvait la Baraque Carrée ; ce petit café genre relais faisait, pour ainsi dire office de "poste-frontière" puisque de l'autre côté se trouve le village de Thorembais-St-Trond et le Brabant Wallon. Elle fut culbutée dans les années 70.

 

 

Au dessus de la courte grimpette, sur votre gauche, se trouve le Long-Pont ; cette grosse et somptueuse ferme complètement ravagée par un incendie lors de la sanglante bataille de cavalerie que se livrèrent le 18-08-1914 les Hussards et les Uhlans.

Au sujet de cette bataille, gagnée par les cavaliers allemands, je me plais à ouvrir une parenthèse afin de vous relater l'anecdote suivante qui me fut rapportée et qui vraisemblablement y fut vécue :

(Un cavalier français, blessé lors des combats, avait trouvé refuge à la Baraque Carrée. Afin de ne pas compromettre ses hôtes, il se dirigea vers les marais du Laid-Mâle, lorsque à un moment, il croisa un cavalier allemand, ce dernier sauta de sa monture et intercepta son ennemi quand, tout à coup, ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Ce hussard blessé et ce Uhlan étaient deux camarades alsaciens, l'un était incorporé dans les rangs français tandis que l'autre combattait sous les couleurs allemandes!)

Sur votre droite, vous découvrez le petit hameau de Cinq Étoiles, avec en prime, une belle vue sur la vieille ferme du Baty, ferme que la famille Debois exploita de 1938 à 1983.

Tout au bout de la route, se profile le Quartier de la Gare. Fait curieux, les grands-leeziens tout en sachant parfaitement que ce quartier faisait partie intégrale de la commune de Thorembais-St-Trond se réservait le droit de considérer et d'utiliser la gare comme si elle leur appartenait de droit!

La ligne de chemin de fer qui reliait Tamines à Landen fut mise en service le 15 octobre 1865. Début 1959, la SNCB décida de remplacer la plupart des trains, faisant halte dans la station de Grand-Leez-Thorembais, par des autobus ne laissant qu'un seul train, le matin et le soir pour assurer le transport des voyageurs.

Le 4 octobre de la même année, l'autobus remplaça complètement le train; la gare de Grand-Leez-Thorembais avait vécu! La ligne fut mise hors service en 1961 et démontée dans le courant de l'année 1987. Aujourd'hui, les bâtiments de la gare, sont occupés et transformés tandis que l'arrêt des bus est déporté à la chaussée de Tirlemont, aux quatre bras du bois de Buis.

 

La gare

 

A l'heure actuelle, dès qu'on évoque le mot gare, la plupart des gens de chez nous ne peuvent s'empêcher de se remémorer ce que fut la gare pour eux et leurs ancêtres !

Ils se rappellent, le nombre impressionnant d'employés et de travailleurs qui s'y sont embarqués, les quantités de chariots de betteraves, de pulpe, de charbon, de paille, de lin et de bois qui y furent chargés  ou déchargés ainsi que les kilos et les kilos de grains d'engrais ou de farine qui y furent manipulés, chargés, déchargés, entreposés, pesés, ensachés et distribués.

Tous ont encore en mémoire la première fête de l'année, elle avait lieu à la gare le dernier dimanche du mois d'avril.

Cette kermesse de quartier drainait les jeunes et les moins jeunes des villages environnants, les cafés fonctionnaient à plein rendement, même celui de Joseph Seron ( Baraque Carrée ) s'apercevait qu'il y avait une fête dans les parages. Installée dans la cour de la gare, la guinguette de Charles Rouer ne désemplissait pas...si bien que c'était souvent le passage du premier train (4h15, lî trins dès z'ouyeux ) rappelait aux "fêtards" qu'il était plus que temps d'entonner le "timps dès ralé"!

 

Le quartier de la gare

 

Nombreuse sont les figures connues qui sont aujourd'hui disparues, je pense à Jean Everarts - le P'tit Louis du Long-Pont / le Baron Van der Straten-Waillet / les familles : Gilson et Haquin / Adelin de POnt et Petitjean / Augustin, Eugene et Gustave / Fernand Garot, L'Blanc Pirson, Collard,  Gus et L'Grand Émile / Lapière, L'Chaurly Moneaux et Manuel / Charles Marchal, Alfred Boucher, Joseph Garot, Fernand Van Hall et Ernest Hairion / le garde chasse Marcel Gilson et Madeleine / Madame Adelin / les Ets Marchal, Bédorêt et Sonval ;

 Oh!!! j'oublie...il y avait bien sur et surtout Jean-Baptiste et Félicie ; ces deux braves qui avaient eu le grand malheur de voir mourir le 21 janvier 1942, leur fils unique Robert, il était né le 1er juin 1922. Jean-Baptiste et Félicie, que tant de gens de chez nous ont fréquentés ou côtoyés étaient des gens simples, disponibles et commerçants jusqu'au bout des ongles.

Par la diversité des articles qu'on pouvait s'y procurer, leur magasin aurait peut-être dû s'appelé "Le p'tit Bazar de la Station". Dans cette boutique bien agencée toute une gamme d'article y était disponible, on y trouvait outre l'alimentation la confiserie, les aunages, les tabacs cigares et cigarettes, les eaux, les limonades, bières et alcools jusqu'aux pièces de rechanges pour vélos déficients, la papeterie, les cartes-vue et les timbres sans oublier le dépôt de messages, le service téléphone et la délivrance du coupon de semaine ainsi que le fromage et la charcuterie et ce qui était une nécessité...une bière bien fraîche, une petite goutte ou le cas échéant une bonne tasse de café. Chaque jour, sous l'œil attentif de Jean-Baptiste, des garages de fortune réceptionnaient un grand nombre de vélos de nacetteurs, la location de ce service se faisait à la semaine et...se payait à l'intérieur du magasin!

L'arrivée de la famille Vander Straten-Waillet à la ferme du Long-Pont coïncida avec l'idée qui, depuis tout un temps déjà, germait dans les foyers de la Gare et du Cinq Étoiles c'est-à-dire la construction d'une chapelle assez grande pour pouvoir y célébrer des offices religieux tous les dimanches. Tous se cotisèrent et récoltèrent des fonds. La construction de cette chapelle était initialement  prévue au carrefour du Cinq Étoiles. L'emplacement à la gare de Grand-Leez était de loin préférable vu sa situation ; sa construction débuta en 1947 et ce fut le 23 mai 1948 que Mgr Van Cauwenberg vint à la gare bénir devant la toute grande foule, la chapelle dédiée à Notre-Dame aux Cinq Étoiles.

Cette chapelle dépend de la paroisse de Thorembais-St-Trond et pendant plusieurs années, chaque dimanche, devant une belle assistance une messe chantée y était célébrée.

Malheureusement, suite à l'absence de prêtre, il est plus que rare qu'une messe y soit encore programmée. Toutefois, en attendant des jours meilleurs, il faut que vous sachiez que ce minuscule sanctuaire est toujours en parfait état et qu'il est ouvert tous les jours de 8h à 18h.

Et c'est ainsi qu'un quartier, si animé il y quelques années, devient par la force des choses un lieu ou : trains, bus, magasins, cafés, navetteurs et messe dominicale ont disparus.

Seules, les familles Lacroix, Marchal ainsi que les Ets Interagry donnent encore à ce joli coin, jadis si vivant, l'élan nécessaire pour y mener une vie prospère, heureuse et tranquille.

Source : Maurice Durviaux / CN

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