HONNEUR ET PATRIE

Le long de la route de Perwez, à l'intersection d'un chemin qui s'enfonce dans le bois de notre village, une petite stèle de pierre garde bien vivant le souvenir d'un crime horrible, perpétré il y a soixante ans.

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Le 06-09-1944, les habitants du paisible hameau de Taravisée vaquent à leurs occupations et attendent, comme nous tous d'ailleurs, l'arrivée imminente des Américains libérateurs, un drame inqualifiable secoua ce quartier à vocation agricole.

Le soleil balayait de ses rayons les arbres et les prairies, tout à coup, une chenillette allemande s'arrête au bas du chemin d'aisance ( le chemin Pepin ). De ce véhicule, plusieurs militaires descendent, ils sont accompagnés d'un homme vêtu de la tenue que porte " L'armée Blanche". Il a les mains entravées derrière le dos. Les voisins, intrigués par ce remue-ménage, eurent le pressentiment qu'un mauvais coup se tramait. Sans ménagement , les soldats empoignèrent l'infortuné prisonnier et s'enfoncèrent dans le sous-bois. Ils n'allèrent pas bien loin...trois détonations claquèrent, les oiseaux se turent et un silence macabre, plana dans ce coin de verdure. Inconscients ou barbares, leur méfait accompli, sans un regard en arrière, les auteurs de cet assassinat reprirent la route de Perwez.

Francois Leroy découvrit le corps du prisonnier dissimulé sous des gerbes de paille. Il avait la tête transpercée par trois balles tirées à bout portant. Sans doute cette victime du devoir était croyante car de la poche de sa salopette une partie de chapelet était visible. Il paraissait agé d'une trentaine d'année.

Les autorités communales furent averties, ce cadavre sans papiers d'identité fut transporté à la morgue avant de recevoir des funérailles décentes. Mais qui était ce patriote inconnu?

Dans plusieurs journaux du 30 octobre 1944, un avis de recherche avec signalement de la victime fut diffusé. Il émanait de l'Administration Communale de Grand-Leez. Bien vite, une famille sans nouvelle de leur fils, se manifesta. Lors de l'exhumation au cimetière communal la dépouille fut formellement reconnue par les siens. Il s'agissait de Emile Martin. Il était originaire de Hannut et était âgé de 36 ans.

Que s'était-il passé? Pourquoi avait-il été fusillé? Emile était parti avec des amis de "l'Armée Secrète". Il dépendait du secteur 420 du Refuge Otarie. Courant par monts et par vaux, il participait à la libération de sa patrie. Hélas! sur "la Plaine des Waleffes" à Hannut, les Allemands le capturèrent, le hissèrent sur une chenillette et disparurent dans la nature. La suite de cette tragédie, vous la connaissez.

Le dimanche 22 octobre 1950, les groupements de l'A.S., les anciens combattants, la section d'athlétisme F.C. et les diverses personnalités de Hannut et de Grand-Leez, se réunissaient à Taravisée pour inaugurer la stèle mémorisant l'endroit où fut tué sauvagement un petit patriote, un brace garçon, un grand coeur.

Vous qui passez près de cette stèle, ayez une pensée particulière pour la mémoire de ce combattant de l'ombre, mort en héros, quelques heures avnt la libération.

Source : CN56

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